Parfois, une seule question peut nous nourrir plus qu’une longue réponse. C’est de cette idée qu’est né « Nourriture pour l’âme : Les 3 grandes questions existentielles », posées à des personnes profondément inspirantes, qui ont elles-mêmes longuement réfléchi à ces thèmes et qui peuvent aujourd’hui nous guider. Ces questions simples, mais puissantes, ouvrent un espace de réflexion, d’inspiration et d’émerveillement intérieur.
Ici, la vision de Manon Lavoie, auteure du livre Créer le meilleur de soi, coach certifiée en créativité et en psychologie positive, fondatrice de M comme Muses.
- Qu’est-ce que ça veut dire, aujourd’hui, “vivre pleinement sa vie”?
Pour moi, vivre pleinement sa vie, ce n’est pas une checklist de réussites à cocher ou une quête frénétique de sensations fortes. C’est tout le contraire. C’est accepter de prendre place à notre table de création intérieure. C’est s’arrêter un instant pour observer, sans jugement, la matière première de notre existence présente : nos joies, nos peines, nos espoirs, nos frustrations. Tout est là, valide.
Vivre pleinement, c’est ensuite choisir délibérément de créer avec ce qui est là. C’est reconnaître que nous sommes les artistes de notre propre vie. Cela ne signifie pas que tout sera beau, mais que nous nous engageons activement à tisser du sens à partir de notre expérience. Comme le dit si bien l’écrivain Francesco Alberoni, “La créativité est faite d’attention et de respect pour les petits faits de la vie”. Vivre pleinement, c’est poser ce regard attentif et respectueux sur l’ordinaire, et y trouver l’extraordinaire.
- Pourquoi cherchons-nous autant le bonheur, et où se trouve-t-il vraiment?
Je pense que nous cherchons tant le bonheur parce que nous le concevons souvent comme une destination finale, un état de perfection statique que nous pourrions atteindre si nous faisions les bons choix. Cette quête devient alors une source d’anxiété.
Je crois que le bonheur n’est pas une destination, mais un sous-produit. Un sous-produit de l’engagement, de la création et de la présence à soi. Il se niche dans l’acte de créer lui-même. Il se trouve dans ces moments de flow – ce concept en psychologie qui décrit un état d’absorption complète où le temps semble s’arrêter, où nous sommes si connectés à ce que nous faisons que le mental égoïque s’efface (le mental égoïque c’est cette partie de nous qui s’identifie aux pensées, aux jugements, aux comparaisons et aux peurs. C’est ce mental qui nous maintient dans la performance, qui critique constamment nos créations et qui nous éloigne de notre essence authentique.). On le trouve en jardinant, en cuisinant, en dansant, en écrivant, en résolvant un problème qui nous passionne.
Le bonheur est là, dans le fait de se laisser traverser par la vie, dans l’anti-performance. Il réside dans le processus, pas seulement dans le résultat. Comme le dit Charles Peacock, “Il ne s’agit pas seulement de parler de créativité, mais plutôt de mettre en lumière la personne que vous devenez pendant que vous créez.” Le bonheur, c’est la sensation de grandir intérieurement et de se découvrir soi-même dans l’action.
- Comment trouver la paix intérieure dans un monde qui va toujours trop vite?
La paix intérieure ne se trouve pas en fuyant le monde ou en attendant des vacances. Elle se cultive en créant délibérément des bulles de présence au milieu du chaos.
Pour moi, la clé est souvent l’élément manquant dans les conversations sur le bien-être : la créativité intuitive. Il ne s’agit pas de devenir un artiste professionnel, mais de s’offrir des moments où l’on se rend complètement disponible à ce qui est. C’est une pratique qui nous ramène à l’instant présent, ancre notre attention dans notre corps et dans nos sens, et apaise le bavardage mental.
Prendre 10 minutes pour gribouiller sur un carnet, modeler de l’argile sans objectif, arranger des fleurs, ou simplement marcher en portant une attention sincère aux couleurs autour de soi… Ce sont des actes de création qui sont des actes de soin. Ils nous recentrent. Ils nous rappellent que nous ne sommes pas juste des spectateurs stressés de cette vie qui défile, mais ses co-créateurs actifs. La paix intérieure est dans cette prise de conscience et dans la pratique régulière de ces retours à soi, petits mais sacrés.
Manon offrira l’atelier “Bien-être par la création” au Sommet Yoga & bien-être, du 16 au 19 octobre 2025, au Spa Eastman
