par Chrystelle St-Pierre qui a développé, au fil des années, divers projets sous le nom de Yogini Rebelle, jumelant yoga, pleine conscience et psychoéducation. Sa mission : rendre le yoga et la pleine conscience accessibles.
Dernièrement, j’ai offert un atelier portant sur les postures de bases du yoga actif dans un centre d’escalade en compagnie d’une de mes collègues et amies Amanda Carter. Lors de notre atelier, plusieurs grimpeurs faisaient face à des difficultés spécifiques au sport qu’ils pratiquent (ex. : avoir les épaules un peu plus courbées vers l’avant ou avoir une plus grande capacité en ouverture de hanche qu’en flexion avant). Pendant l’atelier, divers ajustements ont été effectués afin de respecter cette réalité et d’éviter de créer de l’irritation aux épaules ou des douleurs dans le bas du dos par exemple.
Après notre atelier, nous nous sommes assises et avons démarré une longue discussion portant sur: comment réellement adapter le yoga pour respecter chacune des personnes présentes dans nos cours? Il s’agit d’un réel défi pour les professeurs de yoga qui graduent actuellement puisque plusieurs cours s’offrent en formule « drop in ». Dans une même classe, il est possible de retrouver des débutants, des avancés et des personnes ayant diverses limitations. Comment les professeurs peuvent davantage assurer la sécurité et le bien-être des personnes se trouvant dans leurs cours avec cette nouvelle réalité?
Il importe ici de garder en tête que l’objectif n’est pas de dénaturer les styles de yoga. En ce sens, si une personne se présente à un power yoga ou dans un atelier des bases du yoga pour Vinyasa, il ne faut pas s’attendre à vivre un Yin yoga ou un yoga sur chaise. Cependant, il importe de prendre en considération les contraintes et les besoins de la personne afin qu’elle progresse dans le style offert.
Voici donc quatre points clés que nous vous proposons de considérer dans les enseignements des classes multiniveaux ou à une clientèle particulière, qu’elle soit débutante ou athlète de haut niveau. Ce sont aussi des points important à garder en tête quand nous pratiquons nous-mêmes le yoga :
- La biomécanique globale, mais également individuelle
Bien sûr, il existe des principes de base en ce qui a trait au corps humain et à son fonctionnement. Le mouvement de certaines articulations, l’engagement de certains muscles dans une posture spécifique, etc. Cependant, nous naissons également tous avec nos spécificités physiques et biomécaniques. À titre d’exemple, même si l’on voit une panoplie de photos sur Instagram de « chien tête baissée » (Adho Mukha Svanasana) dans lequel les filles souples déposent les talons au sol, il se pourrait qu’une personne ne puisse jamais arriver à le faire. Pourquoi? Peut-être que l’articulation n’arrive tout simplement pas à effectuer cette amplitude de mouvement. Peut-être également que les sports pratiqués par la personne ou une limitation X concernant la hanche, les genoux ou les chevilles l’amènent à toujours maintenir les genoux pliés et les talons soulever du sol afin d’être confortable dans la posture. Et c’est PARFAIT!
2. Conscience, acceptation et adaptation
Ce qui nous amène au second point : l’adaptation! Un professeur de yoga devrait toujours comprendre quels sont les objectifs des postures enseignées. En comprenant ceux-ci, plein d’adaptations sont possibles. Si les objectifs de la descente en chaturanga (voir articles précédents pour détails) sont d’engager adéquatement les triceps, les épaules et les abdominaux, mais que la force des épaules n’est pas encore développée est-il possible de placer des blocs sous les épaules et de déposer les genoux au sol lors de la descente? Si une blessure à l’épaule est présente ou si les épaules sont trop courbées vers l’avant (comme les grimpeurs) est-ce possible de ne pas mettre l’accent sur l’angle de 90° des coudes lors de la descente? Les réponses sont oui! C’est en comprenant clairement ce que l’on veut travailler que l’on guide les élèves à développer la conscience de leur corps et qu’on s’assure d’adapter la pratique à leur réalité dans le but de les faire réellement cheminer sans blessure!
3. Flexibilité ou mobilité?
Ha la flexibilité! Être flexible, c’est avoir une grande amplitude dans l’étirement d’un muscle précis dans un angle précis. Plusieurs personnes souhaitent développer davantage de flexibilité. Cependant, la flexibilité apporte également son lot de blessures si elle est trop élevée comparativement au renforcement du corps. Ce qui est souvent visé par le yoga est d’assurer ce mélange entre force et flexibilité, mais également la mobilité (amplitude de mouvement) des articulations en assurant leur protection par le renforcement des tissus les entourant. En gros, le but ultime ne devrait pas de faire la posture de la professeure à tout prix, mais plutôt, de vous protéger et d’assurer une bonne mobilité qui vous permettra d’être plus efficace dans votre quotidien et dans vos sports.
4. Ne pas confondre égo et discipline!
Il y a souvent deux « types » de bons yogis. Bien sûr il y a des personnes qui ont fait des sports tels que la gymnastique ou la danse dans le passé et qui peuvent atteindre des postures avancées assez rapidement. Et, si vous ne l’aviez pas compris, plusieurs des « super-yogis » Instagram font partie de cette catégorie. Pour ce qui est des autres, un seul élément fait la différence : la discipline en opposition à l’égo. Quand vous faites votre yoga, permettez-vous de ressentir, de comprendre et d’adapter. Plus vous ferrez cela, plus vous accepterez de construire les bases et plus vous atteindrez des niveaux insoupçonnés (et ce peu importe votre but puisque tous les objectifs sont louables!). 
L’égo n’apporte que déception, blessures et difficultés. Si votre désir est de gravir les échelons trop rapidement, de faire toutes les options avancées le plus vite possible ou de faire des photos Instagram à la « super-yogi » votre corps risque fortement d’en souffrir éventuellement et votre mental aussi.
Prendre le temps d’accepter qui l’on est, de comprendre nos difficultés et nos limitations tout en utilisant nos forces pour construire des bases solides est la clé du succès. Et dites-vous qu’une photo Instagram est bien éphémère comparativement à votre bien-être! Aucune personne ne devrait à tout prix s’adapter afin de réussir une posture. Cependant, le yoga devrait toujours être adapté aux personnes afin que celles-ci puissent le vivre et en retirer les biens-faits, et ce, peu importe ses limitations ou sa réalité.
Qu’en pensez-vous?
Chrystelle St-Pierre et Amanda Carter
Ne manquez pas l’atelier de Chrystelle à Expo Yoga & bien-être 2020.
