La porte d’accès à la paix intérieure
par Nicole Bordeleau
Lorsque le moment présent est inconfortable ou qu’il nous déstabilise, quelle est notre première impulsion ? Nous le fuyons.
Certains s’évadent dans l’excès de travail, en se surentraînant dans un sport ou en s’étourdissant pendant des heures à surfer sur les réseaux sociaux. Pour d’autres, la tentative d’évitement pourrait prendre la forme d’une course effrénée pour obtenir un nouveau diplôme, un poste supérieur, une promotion ou pour s’engager dans une énième relation. D’autres encore, confesseront qu’elles fuient le moment présent en grignotant, en buvant deux ou trois verres ou en magasinant en ligne ou de boutiques en boutiques, en dépensant son argent dans des jeux de hasard ou en consommant des drogues ou en surconsommant des médicaments.
C’est la même chose quand on se sent mal dans sa peau, qu’on est nerveux ou qu’on vient de faire une gaffe : notre esprit s’agite et cherche à prendre la première porte de sortie. C’est pour cette raison que, quand on est angoissé ou stressé, on ouvre le réfrigérateur, on allume l’ordinateur ou le téléviseur.
Soyons honnêtes. Lors d’une longue file d’attente, d’une réunion ennuyante ou d’une conversation qui nous chamboule, qui n’a pas envie de se réfugier dans l’univers virtuel de son téléphone portable ou de sa tablette numérique ? Combien de fois nous servons-nous de ces appareils pour couper la connexion à l’autre ou comme outil de divertissement pour ne pas avoir à faire l’expérience de l’instant présent ?
Que ce soit de manière consciente ou inconsciente, on cherche à fuir ce qui se passe en soi et autour de soi. C’est aussi pour cette raison que lorsque notre mental juge l’instant présent ennuyeux, il cherche à se distraire en plongeant dans un monde qu’il juge plus stimulant. Et pour fuir l’instant présent, nul besoin de sortir de la pièce. Notre incapacité à nous arrêter de ruminer le passé ou d’anticiper le futur s’interpose entre nous et la réalité.
Vérifiez cela par vous-même en vous observant dans la prochaine demi-heure. Chez la plupart d’entre nous, les pensées mobilisent l’attention, et la tendance à s’évader mentalement est si compulsive que nous passons presque la totalité de notre temps à vivre dans notre tête.
Nous sommes si préoccupés par nos pensées, nos listes de choses à faire, nos engagements, nos désirs et nos craintes, que nous ne réalisons pas que nous perdons le contact avec notre corps, notre souffle, les autres et le monde qui nous entoure.
Comment faire un retour au monde ? Commençons par réaliser que lorsque la réalité ne répond pas à nos attentes, on cherche à la fuir. Le reconnaître et l’admettre, c’est un premier pas pour vivre en pleine présence. Par la suite, il faut savoir que chacun possède la capacité de vivre de manière plus consciente. Pourquoi est-ce essentiel d’être plus présent et plus attentif à chaque instant ?
Parce que le moment présent est la porte d’accès au bonheur et à la paix intérieure. C’est l’évidence même : quand on est pleinement attentif et présent, on peut vivre plus intensément et plus consciemment les beaux moments et nous pouvons aussi traverser plus sereinement les embûches de l’existence.
Albert Camus écrivait : ce n’est plus d’être heureux que je souhaite maintenant, mais d’être conscient.
Pour y parvenir, il faut redevenir maître de son attention. Pour ma part, c’est la méditation qui m’a grandement aidé à transformer un manque d’attention et de vigilance en une présence plus attentive et bienveillante. Revenir au monde, c’est l’accueillir tel qu’il se présente à nous. Et c’est là le but ultime : vivre pleinement et vivre consciemment chaque instant de son existence.
À méditer.
Que la vie vous soit douce,
Nicole